Chapitre 1
Les doux rayons du soleil chauffent ma peau alors que j’admire le spectacle qui me fait face. Les couchés de soleil sont mes moments préférés dans la journée. Tout est calme et si beau.
Ma contemplation est soudainement coupée par une voix anxieuse que je reconnaitrais entre milles.
-Votre majesté ! Votre majesté ! Détournez-vous de votre balcon, vous allez être en retard pour la réception donnée par vos parents.
-Et pourquoi donc devrais-je y assister ? Je n’ai jamais voulu y participer, Amanda, tu sais très bien que je n’aime pas ce genre de soirée.
Je me retourne et vois Amanda au niveau de l’ouverture de ma chambre, qui donne sur le balcon. Son regard est à la fois doux et autoritaire. Ma gouvernante depuis dix-huit ans maintenant m’invite silencieusement à aller me laver pour ensuite m’apprêter pour une soirée donnée par mes parents. J’entre dans ma chambre et une douce odeur vient me titiller les narines, de la rose. Une fois devant la baignoire et nue, je glisse délicatement ma main droite sur l’eau pour gouter la température. Chaude mais pas brulante comme j’aime prendre mes bains. Je me glisse doucement dans le bas de bronze et mon corps se détend. Je commence à frotter énergiquement ma peau mouillée, faisant apparaître une odeur de vanille sur celle-ci. Les deux parfums présents dans la pièce se mélangent délicieusement, me faisant retourner en enfance. Mes cheveux longs tombent à l’extérieur du bac, alors que j’essaye de ne pas les mouiller. Amanda entre rapidement dans la pièce, et pose deux robes sur le portant prévu à cet usage ainsi que les corsets et masques qui vont avec. Des masques ?
-Pourquoi des masques Amanda ?
La question peut paraitre idiote, mais je sais que ma gouvernante ne se moquera jamais de moi. Ce doit encore une fois être une idée farfelue de mon père…
-Votre père le roi a ordonné à ce que tout le monde porte un masque. D’après lui ainsi que votre mère, la reine, vous êtes en âge de vous marier et il est temps pour vous de trouver votre futur époux. C’est pour cette raison, que des prétendants venus de tous les coins du royaumes seront ici ce soir. Le masque sera présent pour éviter que l’on vous reconnaisse trop vite et aussi pour ne pas influencer vos choix en termes d’hommes. D’après votre mère, vous ne devez pas choisir votre futur mari que par son physique, aussi par son comportement et sa tenue avec vous.
-Donc, je devrais porter ça ? Dis-je en pointant les deux masques des doigts.
Ma gouvernante hoche doucement la tête. Je trouve que le “plan” de père est assez ingénieux. Cette idée évitera que l’on me remarque au premier regard et que je sois abordée par tous les prétendants de ce soir. Sans connaitre mon titre, je suis une fille banale. Avec ce masque, je ne serais plus la princesse.
Je sors du bac de bronze qui me sert de baignoire et Amanda se dépêche d’enrouler un linge propre autour de mon corps pour couvrir ma nudité et me sécher. Je n’aime pas forcément me faire materner de la sorte mais si je fais un commentaire sur ce sujet à Amanda, alors elle se vexera et ne me fera plus ses délicieux petits plats pendant une semaine. Une fois sèche et avec des bas, Amanda se dirige vers les deux robes et me les présentes. La première est de couleur crème, un peu ouverte au niveau du dos, et assez bouffant dans le bas. Je trouve que c’est une robe qui n’est pas assez discrète et je suis sûre que même avec un masque on me remarquera dès la première seconde. Le masque qui va avec est neutre et simple. Un peu trop à mon goût. La deuxième robe est faite d’un rouge sombre, un rouge sang magnifique. C’est une robe qui ne laisse pas beaucoup de peau visible avec ses manches longues mais elle peut très bien mettre mes formes en valeurs. Elle n’est pas trop bouffant vers le bas ce qui me plait énormément. Le masque qui est posé sur le côté est noir avec des pierres incrustées qui souligneraient la couleur sombre de mes yeux. J’opte pour la deuxième robe sans hésitation et commence à l’enfiler, toujours bien évidement, avec l’aide d’Amanda. La tâche s’annonce plutôt facile au début, jusqu’à l’étape du passage du corset. Je haie cette ancienne mode qui stipule qu’avoir une taille de guêpe et une poitrine qui ressort est quelque chose à faire Tout ses efforts pour se montrer « belle » et « fine ». Je ne supporte pas. De plus, une fois les lacets serrés et fermés, les bouts de tissus compriment la cage thoracique et empêche de respirer correctement. Pour moi, lorsque l’on a des formes, qu’elles soient visibles ou non, fortes ou faibles, il ne faut pas les cacher et assumer ce que l’on est et surtout qui on est. Amanda commence à passer le corset autour de mon thorax et fait un peu les lacets sans pour autant serrer.
-Madame ? Êtes-vous prête ? Je vais devoir le serrer. Vous savez comment est votre mère... Je suis désolée d’avance.
Pour toute réponse, je hoche rapidement la tête, agrippant le dossier de mon siège pour contrôler ma douleur. Ma gouvernante commence à serrer de façon brusque pour écourter ma torture. Une fois fini, je me redresse doucement pour m’habituer et essaye de prendre de grandes inspirations, ce qui est malheureusement impossible pour moi. Amanda me demande ensuite de m’asseoir devant le miroir et commence à ressembler mes cheveux sombre en un chignon décoiffé, laissant par la même occasion mes boucles brunes de façon désordonnées sans les abîmer. Ne souhaitant pas porter de bijoux et autres marques de richesse, je me contente juste de mettre le masque. Amanda à bien sûre, demandé que je me fasse maquiller. Ce que je n’apprécie pas vraiment car je préfère rester au naturel et de toute façon, le masque couvre mes yeux, donc je ne trouve aucune utilité à me maquiller. Cependant, Amanda ne m’écoute pas et deux femmes entrent dans ma chambre, des produits plein les mains. Mes yeux sont rapidement maquillés de manière à ce qu’ils soient un peu charbonneux, mes lèvres elles ne le sont pas sous ma demande. Une fois le masque remit en place, je me lève et regarde mon reflet dans le miroir mural de ma chambre. La robe souligne à la perfection mes formes comme je me l’imaginais quand je l’ai vu et finalement, le maquillage souligne bien mon regard ce qui me rend présentable pour la soirée de ce soir. Ce que j’aime dans ma tenue c’est que je ne fais pas spécialement princesse, j’ai l’air d’une jeune fille de riches qui cherche à se rendre belle et à se montrer aux yeux de tous. Le temps passe et une des servantes de la reine vient nous dire que beaucoup de monde se trouvent dans la salle de banquet, et qu’il serait, d’après mes parents, le temps pour moi de faire mon entrée.
Je me laisse alors guider par Amanda qui m’accompagne bien sûr jusqu’aux portes de la salle. Un fort brouhaha se fait entendre dans la pièce qui s’ouvre à moi. Une fois à l’intérieur de la salle, quelques personnes se retournent pour me regarder mais sans que je sois le centre de l’attention. Parfait. Mon regard se dirige vers l’estrade où sont posés nos trois trônes, celui de mes parents ainsi que le mien. Je remarque rapidement que sur le mien est posé mon chat Olma, ainsi que ma couronne, qui est gardée par deux gardes. Un sourire étire mes lèvres doucement et je me détourne vers mes parents. Mon père tient à la main une coupe contenant surement du vin rouge et ma mère mange un petit four que lui tend un serveur engagé pour la soirée. Je laisse mes yeux se balader sur l’assemblé et un homme ressemblant fortement à Ulysse vient à ma rencontre.
-Belle demoiselle ! Êtes-vous accompagnée ?
Je lève mentalement les yeux au ciel. C’est bien Ulysse… Je pousse un soupire presque imperceptible et lui réponds.
-Oui.
Le sourire de l’homme qui me fait face ne diminue pas pour autant après ma réponse et il continu.
-Et où est votre cavalier ?
Un autre soupir d’agacement traverse la barrière de mes lèvres amenant le regard d’Ulysse sur ses dernières.
-Savoir son emplacement vous aiderez en quoi mon cher ?
-Et bien, je voulais apprendre à vous connaître ! Je suis Ulysse, le futur époux de la princesse.
Un rire m’échappe. Ai-je bien entendu ? Il se présente en tant que mon futur mari !
-Et est-ce qu’elle est au courant ? D’après les bruits qui courent, la princesse doit elle-même choisir son futur époux ce soir. Je pensais que les résultats n’avaient pas encore été dit et que pour l’instant, elle n’avait encore choisi personne.
Un rire gras et désagréable sort de la bouche et il reprend.
-En effet, mais grâce à mon charme, à ma richesse et à ma beauté, vous pouvez être sûre que la princesse Élizabeth tombera dans mes bras avant la fin de la soirée.
J’allais répliquer de manière cinglante à ses paroles blessantes quand la porte par laquelle je suis entrée il y a quelques minutes s’ouvre brutalement. Deux silhouettes sont dans l’encadrement, la première est reconnaissable comme étant celle du majordome du château qui nous sert depuis de nombreuses années. La seconde est plus difficile à reconnaître vu que je n’ai jamais vu cet homme de ma vie. La seule chose que je peux voir est le sombre de ses cheveux qui contrastent parfaitement et magnifiquement bien avec la couleur claire de ses yeux.