CHAPITRE 1 - Bad day
CHAPITRE 1 - BAD DAY
University of Washington (UW), chambre de Roman.
Vendredi 8 décembre
ROMAN
Assis à étudier, je regarde à la fenêtre les étudiants marcher le soir à se détendre ou à rire entre eux. J'aurai voulu les rejoindre, mais un test important pour mon semestre en histoire m'empêche de m'amuser. Dès fois, j'ai vraiment l'impression par rapport à mes autres amis, de comprendre ce que c'est d'être un adulte ainsi que les responsabilités.
Trois ans que je suis à l'université de Washington et j'avoue la chance d'avoir obtenu une bourse avec cette prestigieuse école. Je me rappelle encore mes années de lycée, où j'étais réputé pour être le meilleur quarterback, les filles couraient vers moi. C'était sympa mais je ne suis pas uniquement qu'une espèce de célébrité, mon véritable rêve est de devenir professeur. Voilà pour moi, un vrai objectif. Certes, Je remercie le football de m'avoir donné accès aux études supérieures mais je n'en ferai pas ma vie.
Le crayon dans ma bouche, mes pensées virevoltent entre m'amuser ou étudier. Tous les weekends, les fratries donnent le ton avec des soirées de malade. Je ne sais pas si la nôtre Sigma Alpha Epsilon en fera une ce soir. Depuis trois ans, je mets pas mal ma vie de côté et ce n'est peut-être pas un mal de me décontracter.
BAM
La porte s'ouvre pour voir mon ami coloc Shane courir vers moi comme un fou. Je pense qu'il a déjà une idée en tête ... je suis presque sûr.
— MEC ! mec ! il faut que tu viennes. Il y a une soirée de malade chez Sigma phi Epsilon, Ryan a chopé pas mal de filles. Comme d'hab il ne rigole jamais, la bière est à volonté. m'hurle-t-il presque à l'oreille.
— Déjà calme-toi, tu me postillonnes déjà au visage. Le reprends-je, les mains devant mon visage pour me protéger d'éventuel accident. Pour une fois, je vais peut-être accepter.
— Oh putain, c'est miracle. La dernière soirée que tu as fait, c'était il y a trois mois.
Shane me fait toujours autant rire, ses cheveux mi long blond foncé s'envole dans tous les sens avec ses gestes d'excitation. Trois ans, qu'il est mon coloc et par extension mon meilleur ami. Pour une fois, j'ai eu bonne pioche dans une rencontre amical. Sand même m'en rendre compte, il m'envoit en pleine figure ma veste en jean délavé LEVIS.
— Je te préviens, je prends juste quelques verres et je rentre. Annoncé-je la couleur à mon ami.
— Ouais, ouais on verra ça. Allez viens.
Je ferme avec rapidité mon livre et enfile ma veste, mon attention se porte quelques secondes au miroir de mon entrée pour voir si je suis présentable. Shane est déjà dehors à m'attendre.
Nous dévalons les escaliers deux par deux, heureux de décompresser. D'autres de nos camarades faisaient de même comme un ballet nocturne. A l'extérieur, le froid commence à mordre un peu au visage, nous sommes bientôt en hiver même si à Seattle les hivers sont doux par rapport à la côté est cela reste pas moins frais.
Mon regard se porte sur le chemin bordé de chênes dégarnis prêts à s'endormir pour la saison pendant que Shane est en train de fumer. La pénombre commence déjà à pointer, nos corps deviennent ombres à l'exception du point rouge de combustion de sa cigarette.
— Je suis content Roman que tu sortes ce soir, c'était même nécessaire. C'était quand ta dernière nana?
— Tu sais quoi, je ne sais même plus. Admet-je l'air gêné la main sur l'arrière de ma tête.
— Je dirais bien mille huit cent soixante. De la poussière pousse sur tes cheveux, je le vois. Dit-il avec humour, montrant de son index ma tête.
— Crétin, va. C'est mille neuf cent dix. Rié-je.
— Tu as raison. Rit-il en retour. Dépêchons-nous je ne veux rien rater ce soir.
Après dix minutes de marche, nous arrivons enfin chez nos collègues de fratries. Les Sigma Phi Epsilon ne rigolent jamais avec les soirées sachant qu'une grande partie des membres sont issus de parents aisés de Seattle qui ont les moyens de dépenser. La maison de la fratrie détonait avec sa façade de style grec blanche avec ses colonnades, les gens rentrent et sortent en riant, en buvant ou en fumant. La musique de Dua Lipa résonne même en dehors des murs.
Au moment où nous arrivons, l'ambiance est déjà bien chaude. Sur ma gauche, des gars avec des filles aux bras font des bières pong*, d'autres boivent directement au fût alors que sur ma droite, tout le monde dansent en rythme avec un gobelet rouge rempli d'alcool. A peine que j'arrive, un membre me tend un verre et à Shane.
— Bro, c'est quoi dans le verre? demandé-je curieux.
— Un mélange de la maison, tu verras c'est bon.
— Hum ok du moment que vous mettez rien dedans. Annonce Shane la couleur.
— Non, t'inquiètes sinon ca nous retomberai dessus. Répond-t-il confiant avec sa tête de geek à lunette. Allez je vous laisse les gars j'ai encore d'autres verres à distribuer avec mon plateau, bonne soirée.
Sans avoir eu le temps de répondre, le geek part dans la foule et disparait. Je reviens vers mon verre où l'alcool est de couleur vert clair fluo, ça m'a tout l'air bizarre. Shane ne s'en souci guère et bois au gobelet.
— Shane à mon avis, je n'aurais même pas essayé.
— Roman arrête d'être si sérieux et amuses toi pour une fois. Tu as déjà le don de rameuter toutes les femmes à la ronde.
Me clouant au sol, mon pote part danser avec deux filles autour de lui. Seul avec mon verre à la main, je commence à observer les regards des femmes, eh voilà c'est parti, pas une seule fois, je peux être tranquille.
Je ne pourrais jamais expliquer ce que je dégage mais depuis très jeune, les gens me collent et pire à l'adolescence avec les filles. Certes j'ai un physique de sportif avec le football mais ce n'est pas que ça, c'était comme si elles étaient à mon contact en transe. Une brune et une rousse arrivent vers moi comme deux panthères avec des jupes courtes en jeans et des tops noirs.
— Salut toi, je t'ai jamais vu avant. Demande la brune aux yeux verts. Moi c'est Mindy et mon amie c'est Claire. Nous sommes membre d'une autre fratrie.
Je m'approche des deux pour leur serrer la main. Lorsque chacune d'elle me touche, leur corps réagit avec la chair de poule. La rousse commence à me caresser l'avant bras, c'est totalement inapproprié et d'instinct, je me retire.
— Je suis ravie de vous connaître mais je vais devoir y aller. Répondis-je gêné.
— C'est quoi ton prénom? juste je regardais tes tatouages. Ils sont magnifiques, ne le prend pas mal, je suis désolé, ok? se plaint la rousse avec la moue de petit chiot.
— Ok, pas de souci. Je m'appelle Roman, à vrai dire je n'aime pas être touché sans mon consentement.
— Hey franchement nous sommes désolés, on voulait pas t'embêter. Me répond Mindy avec bienveillance. Amusons-nous, buvons ok?
— Là, pour le coup je suis d'accord.
La prochaine demi-heure, au bout de trois verres bien remplis, nous rions de nos années lycées sur un canapé en cuir à l'entrée du bâtiment. D'autres filles voulaient me parler mais j'ai l'impression que Mindy et Claire les tenaient éloignées.
— Tu sais quoi Roman, j'ai une idée? demande Mindy.
— Je sens mal ton idée ma belle mais dis moi. Acquiesce-je tout en buvant une gorgée.
— Tu n'as jamais lancé des œufs ou du papier WC sur un bâtiment de ton collège?
— Franchement enfantin votre truc. Répondis-je avec un sourire affalé sur le canapé.
— Moi, j'ai une autre idée. On pourrait rentrer dans la bibliothèque de l'université? il parait qu'il y a de très anciens livres... Ajoute Claire.
Pendant qu'elles énumèrent des idées plus stupide que les autres, ma tête commence à tourner. Des bouffées de chaleur monte à mon visage. Mes pensées deviennent erratique qui m'indique qu'il y avait bien de la drogue dans la boisson.
— Putain, les filles j'ai été drogué. Annoncé-je avec un malaise dans ma voix.
Les filles se regardent quelques instants et commencent à rire sans comprendre pourquoi.
— Nous aussi Roman. Ajoute Claire. Ecoute, restons ensemble et tu sais quoi? on va aller justement dehors le temps que tout redescendent?
De la soirée, c'était la seule idée intelligente. Aller dehors me permettra de me refroidir. Les filles me tirent du canapé pour que je puisse les rejoindre à la sortie. Au moment où je pars, mes yeux cherchent Shane mais il est nulle part et Claire part de son côté. A tous les coups, il est en train de serrer.
A l'air frais mordant de décembre, Mindy commence à s'allumer un joint tiré de son sac et me le tend. La marijuana aide dès fois à redescendre certaines drogues.
— Tiens Roman, ça va t'aider.
Avec trois de mes doigts je le saisis et commence à prendre une dose. L'air hagard, je regarde l'horizon devant moi et je reprends :
— Merci miss.
Claire me pousse dans le dos tout en riant, le joint dans ma bouche, à la surprise je trébuche et me stabilise avec ma jambe gauche.
— Les gars ! j'ai chopé les clés de la bibliothèque ! je l'ai chopé sur un des élèves d'une association. Crie-t-elle avec des papiers toilettes dans les mains.
— Mais qu'est-ce que tu veux faire Claire? demandé-je en riant.
— C'est très simple, on revient en enfance. Allez les gars on va se marrer un peu. Il y a peu de risque puisque j'ai les clés.
Mindy et moi, nous nous regardâmes incrédules si on le tente ou pas. Après tout, on va pas voler ou casser un truc? je ne sais pas ce qui se passe par la tête, est-ce la drogue ou pas? mais mes inhibitions tombent et j'avais envie de rire.
En l'espace de quelques secondes, je tombe dans le trou d'Alice, dans une autre dimension tout courant avec les filles. La musique est derrière nous, pour nous laisser dans la pénombre de la nuit en direction de la bibliothèque de l'université.
Au bout de quelques minutes, nous nous retrouvons devant un vieux bâtiment en brique rouge avec de grands escaliers devant nous. Claire s'approche de la porte pour faire tourner les clés mais malheureusement, cela ne fonctionne pas.
— Ah putain, je me suis fait avoir. Dit-elle en secouant en vain la porte en verre de sa main droite.
— Attend. Dis-je tout la poussant sur le côté gauche.
Avec ma carte étudiante qui est dans ma poche de jeans, je le fais passer dans la fente de la porte et au bout de trois fois, enfin la porte s'ouvre. Les filles ouvrent la bouche médusée.
— Après vous les filles. annonce-je la main devant elle comme un gentleman.
— Mais comment as-tu fait? me questionne Mindy.
— Ah ça, c'est un secret de voleur. Déclare-je avec un clin d'œil.
Tous les trois, nous essayons de naviguer dans le noir, la porte se refermant derrière nous. Avec rapidité, nous nous trouvons au centre de la pièce magnifique avec ses anciens escaliers en colimaçons. J'ai l'impression d'être dans un film d'Harry Potter. Des livres de haut en bas, des tables en bois en chêne au centre qui ont connus des milliers de jeunes prêt à apprendre.
Mon esprit reste brouillé entre la drogue et le joint mais je m'en fous, cela fait longtemps que je n'ai pas retrouvé cette légèreté. Mindy ouvre des livres au hasard et lis avec son téléphone en mode lumière. Claire est Claire, elle disparait.
— La nuit l'atmosphère est vraiment différent que la journée. Déclare Mindy. Il y a un côté film d'horreur.
— Je te le fais pas dire. Ajoute-je m'allongeant sur une table et le regard à regarder le plafond en verre.
Au bout de dix minutes à zoner entre la terre et le ciel, Claire revient vers nous en hurlant de rire, les bras en l'air.
— Les gars j'ai mis du papier cul partout, c'est trop drôle.
— C'est bien, allez on va rentrer. Dis-je incrédule continuant en l'air.
— Oh QUE NON ! j'ai encore envie de m'amuser.
— Claire, qu'est ce que tu veux faire? Annonce Mindy la connaissant un peu trop bien.
Sans nous regarder, elle commence à vriller et prend des livres dans les mains. Tout en rigolant, elle les jetent en l'air, des feuilles volent en l'air. Mon dieu, cela commence à virer vers quelque chose de pas bon. Avec précipitation, je me lève pour aller la calme sauf qu'elle décide de m'esquiver virant au passage d'autres objets. Un vase se casse. Mindy regarde mais ne fait rien.
— PUTAIN ! CLAIRE ! c'est pas drôle. C'est putain le bordel.
— J'EN AI RIEN A FOUTRE ! hurle-t-elle comme une folle.
Note pour plus tard : La drogue ça rend certaines personnes folles.
Tant bien que mal, je commence à ranger des livres derrière son passage.
DRIIIING
DRIIING
Oh putain l'alarme est en marche, nous sommes surpris. De la lumière s'allume au fond de la bibliothèque synonyme de sérieux ennuis. Au moment où j'allais parler aux filles, elles ont toutes les disparues comme des fantômes. Les salopes, elles m'ont laissées dans la merde.
Je n'ai même pas eu le temps de me retourner, que trois policiers de l'université m'ont encerclés : je suis foutu.
— Les alarmes nous ont prévenu de votre jolie intrusion. Vous êtes vraiment dans la merde jeune homme. Me répond un des gardes, la lumière de sa torche dans ma gueule. De plus au vu de votre regard, vous avez pris de la drogue.
Je suis pas foutu. Je suis doublement fini.
— Je n'étais pas seul messieurs.
— Nous le verrons aux vidéos jeune homme en attendant veuillez nous suivre. Nous allons prévenir le bibliothécaire en chef et le doyen. Répond un autre agent.
La tête dans mes épaules, je suis les policiers sans broncher. Que vais-je faire? mentir? impossible à part aggraver mon cas mais croyez-moi que je vais choper ces nanas.
Au post de sécurité, j'attends patiemment mon sort sur une chaise en métal. Il est déjà deux heures du matin, le stress dans le ventre, j'observe les murs délavés jaunis par le temps. Une de mes jambes tremblent de nervosité lorsqu'au bout de trente minutes, la porte s'ouvre pour voir le doyen Moore. C'est un homme d'une cinquantaine d'année, les cheveux grisonnant d'un mètre quatre vingt, les yeux sombres et une mâchoire carrée. Sous drogue, il me parait encore plus imposant surtout quand il est de toute sa hauteur face à moi :
— Bonsoir Mr Collins, nous avons je pense quelques petites choses à nous dire.
— Oui, en effet monsieur.
Il s'assoit à moitié sur la table en bois marron foncé de la salle. Il souffle tout en se massant les tempes.
— Il est deux heures du matin et j'ai franchement d'autres choses à penser. Mes hommes ont parcouru les vidéos et effectivement nous n'étiez pas seul. Cependant, nous n'avons pas pu les identifier et je suis navré pour vous, vous allez payer pour eux.
— C'est à dire? je vais être viré? Interroge-je le doyen.
— Une éventualité mais j'ai vu votre dossier et il est irréprochable avec des notes excellentes. A vrai dire, je ne comprends pas ce qu'il s'est passé.
— Monsieur je ...
— Non, Mr Collins nous ne partirez pas à moins que vous réparez vos erreurs dès demain à la bibliothèque. Me coupe-t-il la parole.
— Oh Monsieur le doyen, je vous en ...
— Ce n'est pas si facile que ça. Vous êtes jeune, ce n'est qu'une bêtise mais l'infraction est passible de pénal. Normalement, je devrais vous arrêter mais je vous donne une autre chance. J'ai convenu de vous retirer votre bourse à moins que dans le mois vous puissiez nous payer le semestre en cours. M'affirme-t-il avec fermeté.
— Quoi? je dois trouver cinq mille dollars en un mois? mais c'est pas possible. crié-je à moitié, la tête entre mes mains sur la table défaitiste.
— Je suis désole Monsieur Collins, c'est la seule option que je puisse vous donner. En attendant, nous allons vous laisser rentrer à votre dortoir. Ressaisissez-vous, vous pouvez trouver une solution.
Je me lève avec difficulté vu l'annonce du couperet que le destin me donne. Je viens de niquer mes deux dernières années d'études pour une heure de connerie dans une bibliothèque. Comment ai-je pu être aussi con.
— Merci Monsieur Moore de votre indulgence, je vais faire le mieux que je peux. Dès demain, je me présenterai au bibliothécaire pour nettoyer.
— Très bien, nous restons en contact. Bonne soirée.
— Vous aussi.
Passant devant lui, je sors en direction de la sortie parmi les bureaux des agents. Leurs regards désapprobateurs me donnent la nausée mais je garde la tête haute.
Dehors, je retrouve des dizaines de messages de Shane me demandant où je suis. Puis je reçois un appel de sa part :
— Merde, t'es où mec? Je me suis grave inquiété. J'ai cru que tu étais avec une nana mais quand j'ai vu notre chambre vide, j'ai vite compris qu'il y avait un problème.
— C'est plus qu'un problème. Je suis défoncé et je me suis fait arrêté par la police pour avoir dégradé la bibliothèque.
— QUOI?? t'es sérieux? mais j'ai raté un train?
— Plus qu'un train. j'ai bu, fumé et pris de la drogue. Je suis en train de redescendre mais j'ai rencontré deux nanas pendant la soirée et on a fait les cons.
— Rentre Roman, va te coucher. On en reparlera demain. Tu as besoin que je vienne te chercher?
— Non, non. La balade me fera du bien.
— Ok je t'attends mec.
— A toute.
Lorsque je raccroche, mes souvenirs remontent à la surface par ricochet. La seule obsession maintenant c'est de trouver cinq mille dollars pour m'en sortir sinon aurevoir les études pour finir chez Wallmart.
En marchant, le froid m'aide à réfléchir sur mon avenir. Les rues commencent à devenir vides me laissant seul avec mon désespoir. Comment vais-je trouver autant de cash en si peu de temps?
Vais-je avoir un avenir?