Chapitre un : Arrivée en terre inconnue
Déni
MIA
« Una piquena cerveza por favor … »
Le barman me regarde un peu dubitatif.
Je suis ici depuis 2 jours, et bien que je ne connaisse pas un mot d’espagnol, j’ai cru que partir en Amérique du Sud me ferait du « bien ».
Je met pleins de guillemets à bien, je suis morte à l’intérieur. L’amour de ma vie est mort il y a un peu plus d’an maintenant, et à part le fait que je sois complètement excitée 24h/24, rien d’autre ne fonctionne. Je ne me vois même pas toucher un autre homme, je veux juste qu’il rentre, qu’on s’engueule et qu’on fasse l’amour comme des bêtes.
Je fais de la dissociation, je me noie dans mon imaginaire si fertile (et lubrique apparemment…) cela me permet de ne pas affronter la douleur de son départ.
Je me touche beaucoup du coup, mais je ne jouis jamais complètement, mon corps et ma tête ont mis en place toutes les barrières pour que je ne ressentes pas, rien, et cela me va, je pense que si je ressens une once je meurs, le coeur brisé. Le plaisir s’arrête à la stimulation physique est cela me va.
« Que? »
« UNA PEQUINA CERVEZA ? POR FAVOR ? »
J’ai décidé d’aller boire un verre ce soir, et je me retrouve dans un lieu si bruyant, il y a du monde, de la musique à fond et cela prend toute la place, j’hésite à juste partir.
« Una cerveza para la dama, por favor »
Sa voix est si grave que je ne l’entend quasiment pas, j’ai l’impression d’imaginer son intervention.
Quand nos regards se croisent, il me sourit. C’est un bel homme, je crois, brun, les yeux noirs, la peau bronzée, un homme du coin j’imagine.
Il me parle.
« No hablo espagnol… »
Il ne semble pas surpris.
« Inglès ? »
« Yes! »
C’est sorti d’un souffle, comme si enfin je pouvais communiquer décemment avec quelqu’un, non pas que le silence me tue.
« Where do you come from ? »
« France, and you ? »
Le barman me pose ma bière avec un sourire.
« Gracias. »
Je me tourne complètement vers l’homme, en tendant ma bouteille pour trinquer avec lui.
« Gracias »
Je suis plutôt réservée par nature, mais au bout du monde sans mon amour, plus grand chose ne me fais peur.
« De nada », dit-il avec un grand sourire en trinquant, ses yeux sont joueurs, expressifs. Les miens sont éteints.
« Combien de temps reste-tu ici? »
« Tu parles français ? »
« Un peu, j’ai l’habitude de voyager et j’aime apprendre de nouvelles langues. »
« Mmm »
Il sourit.
« Alors ? »
« Ah! Oh! Euh… je ne sais pas je n’ai pas de temps limite, dans chaque lieu où je passe. Je verrais bien. Je repars en France dans 1 mois normalement. »
« Ah! C’est cool! Tu veux que je te fasse visiter le coin ? »
« Maintenant? »
Son sourire s’élargit.
« Non maintenant on va danser, mais on pourra peut-être se revoir et visiter ensemble? »
« Allons danser d’abord »
Je suis surprise par mon culot, je ne suis pas une grande danseuse, encore moins sur ses rythmes latins. Je n’ai pas le déhanché des gens du coin. Et puis qui est cet homme ?
Je suis partie pour lâcher prise, lâchons prise alors…
Il m’entraîne sur la piste de danse, sans me laisser le temps de me dégonfler.
Il me fait tourner et me tiens contre lui, mon visage est si proche de sa poitrine que je dois mettre un main contre elle, entre nous. Il a une main sur le bas de mon dos et commence à se déhancher doucement, lascivement. Je n’arrive pas bien à le suivre et lui marche sur les pieds.
« Oops, pardon… »
« Ce n’est rien… »
Je sursaute, son souffle est dans mon cou.
Je ne connais pas cet homme, nous ne nous sommes même pas présentés, il est si proche.
Il me fait me balancer avec lui si lascivement, j’ai l’impression d’être en plein préliminaires avec lui sur cette piste de danse. Et je m’en fous. Je m’en fous du monde autour de nous, je m’en fous de ne pas le connaître. Je m’en fous, je me laisse aller complètement. Mon corps tient la baraque et mon corps veut du plaisir, c’est mon corps qui dirige.
Mon corps se frotte contre lui, il me fait tourner encore et je me retrouve dos à lui. Il pose une main sur mon ventre et me serre contre lui. Je le sens contre mes fesses, et je sais que je suis déjà trempée. Il est comme dans mes fantasmes les plus fous. Grand, beau, bronzé, il a l’air doux et fort en même temps.
Je frissonne son autre main descend le long de mon bras et frôle, intentionnellement ou non, mes côtes.
« Mmm »
Je l’entend gémir légèrement, l’atmosphère est très chaude ici.
« Tu ne portes pas de soutien gorge ? »
Je frissonne légèrement.
« Jamais… »
« Mmm »
Je sens sa main se glisser juste dessous mes seins. Son pouce vient doucement frôler la base de mon sein gauche.
Je suis lovée tout contre lui, et je me sens « bien ». Ou plutôt je ne me sens pas mal. C’est agréable ce désir qui émane de lui.
Je suis plutôt banale, et puis je n’ai plus 20 ans. Je ne dégage ni la fraicheur des début de la vie d’adulte, ni la maturité de celles qui sont bien dans leur vie. La mienne a basculée trop jeune, trop tôt. J’ai bientôt 40 ans et je ne suis toujours pas sûre de où est ma place dans cette vie, sur cette terre, et mon île a disparu.
Et pourtant à cet instant T, je suis juste là à accepter qu’un homme me désire même si ce n’est pas mon homme.
Sa main se glisse dans mon décolleté, je le sens poser de doux baisers dans mon cou. Et je m’en fous, qu’on nous voit, ou que cela choque quiconque, je ne veux pas que la musique s’arrête.
Je le sens tout doucement caresser la peau de mon sein, remonter vers mon téton. Nous continuons à nous balancer collé-serré, je suis comme une poupée de chiffon. Je le sens sourire dans mon cou, sa main sort de mon décolleté pour aller vers mon menton et redresser ma tête
« Ouvre les yeux », susurre-t-il dans mon oreille.
Je les ouvre doucement, je sens sa main retourner où elle était, je vois un autre homme nous regarder avec envie.
Il avance comme un chat vers nous, j’ai le souffle coupé. Il n’est pas du coin lui, il n’en a pas l’air. Il est grand, ses yeux sont bleus foncés, il est aussi brun, avec une légère barbe de 3 jours,
Quand il arrive devant nous je dois lever la tête pour continuer à le regarder,
« Je ne peux pas te laisser 2 minutes chéri », dit-il en se penchant pour embrasser l’homme derrière moi.
‘chéri’ me pince le téton légèrement tout en se laissant embrasser goulument, je ne peux m’empêcher de les fixer. Je suis plus que trempée, je sens ma mouille couler sur ma cuisse.
« Oh mon dieu », dis-je entre le murmure et le gémissement
Ils s’écartent légèrement l’un de l’autre et me regardent en souriant.
« Tu aimes ce que tu vois ? » me dis ‘chéri’ tout doucement, ne lâchant pas mon sein. Je suis coincée entre ses deux hommes magnifiques et ne peux m’empêcher d’aimer ça.
« Tu m’en veux ? » dit-il en posant ses yeux sur l’homme en face de moi.
Ils se sourient, ‘bébé’ et ‘chéri’ sont donc ensemble et apparemment, je suis leur dîner du soir,
‘bébé’ se déhanche sensuellement dans le même rythme que nous et glisse sa main sur ma hanche.
Il me regarde avec un petit sourire en coin
« Aimes-tu ce que tu vois ? »
Ses yeux sont plantés dans les miens, je hoche la tête doucement.
« Des mots beauté »
« Beauté ? »
Ils se regardent et leurs sourires s’élargissent
« Oui beauté, cela pose problème? »
« Non », dis-je en baissant les yeux dans un murmure.
'Bébé' relève ma tête et fixe ses yeux dans les miens.
« Ne baisse pas les yeux, tu es magnifique. Une vrai beauté, compris ? »
La main de ‘chéri’ sur mon sein reste douce et légère, celle de ‘bébé’ sur ma hanche est tout aussi soyeuse, il dessine de petits cercles avec son pouce et cela m’excite d’être prise entre ses deux hommes magnifiques.
« Alors ? » dis ‘bébé’
« Tu aimes? »
« Oui » dis-je en un murmure
« Pardon ? » Ses yeux sont inquisiteurs, ils fouillent les miens.
« Oui » dis-je plus fort et ils se penchent pour s’embrasser à nouveau, tout en dansant sur le rythme lancinant, une main de ‘chéri’ sur mon sein qui joue avec mon téton et la prise de ‘bébé’ sur ma hanche qui se resserre légèrement.
« Tu as bu ? » me demande ‘bébé’
« Je… non… un peu de bière… mais je venais d’arriver quand… »
« Tu sais ce que tu fais ? »
« Oui, je crois… »
Je ne suis plus qu’une poupée entre leurs corps et je crois que j’apprécie cela. Cela fait un peu plus d’un an que je veux être portée, supportée, comme un sac, sans avoir à penser à réfléchir, être entourée comme cela de simple désir sans question est confortable.
« Tu crois ? » dit-il en soulevant un de ses sourcils en ayant un petit sourire en coin.
« Mon dieu ses yeux… »
Ils rient tous les deux.
‘chéri’ se penche vers mon oreille, je frissonne sentant son souffle sur ma peau,
« Ils sont incroyables n’est-ce pas ? »
« Oh! J’ai dit ça à voix haute ? »
Leurs rires résonnent à nouveau, et je me sens légèrement embarrassée, mais rit avec eux. Cela fait si longtemps que je n’ai pas rit, naturellement.
« Vient! » dis ‘bébé’, il me prend la main et je ne peux m’empêcher de tendre mon autre main vers ‘chéri’ pour l’attraper, il me sourit.
« Ne t’inquiète pas je n’ai pas l’intention de te laisser t’échapper tout de suite », me dit-il en me faisant un clin d’oeil et je lui souris.