Chapitre 1
EVA
J’ai 35 ans, je suis plutôt bien dans ma vie. Il manque quelque chose, mais je ne sais pas comment avancer. Comment évoluer.
Je suis une jeune femme travailleuse, introvertie mais sympa. J’ai des connaissances, une famille normale et aimante. J’aime être seule et parfois être entourée.
J’ai une vie amoureuse normale, j’ai déjà aimé. Je n’ai juste pas trouvé celui qui me bouleverse. Je suis normale.
En réalité, je ne m’aime pas trop du moins physiquement. Je ne me suis jamais sentie très féminine ou désirable. Donc j’ai accepté les avances d’hommes qui me désiraient sans réellement imaginer que je méritais mieux, ou au moins les désirer en retour. Je n’ai donc jamais été très difficile. Comme si me donner un peu d’attention suffisait à me faire flancher. Sincèrement, c’est le cas.
Mais là, j’ai 35 ans et je me dis qu’il serait peut-être temps de me découvrir une peu.
J’ai une imagination débordante, pleine de fantasmes. Je ne sais juste pas par quoi commencer, et je n’imagine pas détenir le pouvoir de faire bouger les lignes.
Entendons-nous bien, je ne suis pas d’une beauté exceptionnelle mais je ne suis pas laide non plus, je ne le pense pas. c’est juste que mon manque d’assurance ne me permet pas de prendre les devants. Je suis peut-être passée à côté de jolies histoires juste à cause de ce manque de confiance. Je suis consciente que les hommes sont aussi des êtres pleins d’incertitudes et que pour certains si on ne leur montre pas d’intérêt ils n’oseront pas venir vers nous, les femmes. Mais je suis incapable de montrer cela à quelqu’un si lui ne le fait pas avant. Du coup, ceux qui osent ont leurs chances. Et ce ne sont pas toujours les meilleurs.
Bref, j’ai des choses à découvrir sur moi, mon corps, mon rapport au sexe opposé et je ne sais pas comment oser.
Je m’habille assez impersonnellement. Dans mes fantasmes je suis ce physique que je trouve sublime et qui n’est pas le mien, j’ai de l’assurance et je sais demander ce dont j’ai besoin. Dans mes fantasmes, les hommes sont beaux à couper le souffle. Ils sont ce que j’aime physiquement. Je suis dans la catégorie qui aime les grands bruns ténébreux, j’aime quelque tatouages, de beaux sourires, l’humour, les yeux bruns ou clairs, mais des longs cils. J’aime les hommes qui ont une histoire. J’aime les histoires globalement.
Ce soir, je suis assise sur mon lit. Je suis en jogging trop grand et élimé, avec un vieux tee-shirt et un pull à capuche. J’ai froid dans mon grand lit, c’est mon pyjama du moment.
Je lit des extraits de livres érotiques, je regarde une série Netflix en parrallèle. Et je me demande s’il existe une sorte d’école qui pourrait apprendre à se libérer, sexuellement ou pas. Juste à se découvrir, mais s’il y a une formation sexuelle cela me va.
J’ai eu des ex coquins, mais pas d’expériences folles. Et ces écrits érotiques me font un effet incroyable. Alors je me dis qu’il y a beaucoup que je pourrais découvrir.
Par curiosité, je cherche sur internet « école épanouissement sexuel » après avoir fait défiler différents articles sur l’éducation sexuelle à l’école, et les quelques sites pornos, je tombe sur une école « sexual healing » sérieusement? J’espère qu’ils paient des droits d’auteurs…
‘Nous vous aidons à découvrir votre moi intérieur, par des thérapies comportementales, des cours de développement de soi, guidés par des professionnel.les de la thérapie sexuelle et du comportement’
Ok… cela ne veut pas dire grand chose.
Je clique sur un lien pour voir ce qui est réellement proposé.
Pack vert : immersion dans notre hacienda pendant une semaine, sessions de thérapies de groupes et de méditation légère, découverte de soi.
Pack jaune : immersion dans notre hacienda pendant 3 semaines, sessions de thérapies de groupes et individuelles, méditation, apprentissage de soi.
Pack rouge : immersion d’un mois et demi dans notre hacienda, sessions de thérapies de groupes et individuelles, accompagnement par un coach en sexualité personnel, méditation, rencontre réelle de soi.
Mmm… ce n’est pas beaucoup plus clair. Cela n’a pas l’air d’être un ashram, du genre silence et solitude. Mais je reste dubitative. Et puis, je ne suis pas sûre d’être assez courageuse pour sauter le pas.
Le seul truc dont je suis sûre, c’est d’avoir assez de jours de vacances à poser étant donné que je n’en prends quasiment jamais.
Je laisse mon ordi de côté et reprend mes lectures. Je m’endors tranquillement là-dessus.
« Salut colloc’! Bien dormi ? »
« Mmm… » je lui souris, ce n’est pas que je ne suis pas du matin, c’est juste que j’aime la douceur et le silence au réveil. Sam est un pile électrique constante. Elle, elle fonce tête baissée tout le temps.
« Je n’ai pas fait trop de bruit en rentrant ? »
« Non ça va… je n’ai rien entendu »
« Tu dormais comme un loir »
« Comment le sais-tu? »
« J’ai emprunté ton ordi hier soir, j’avais très envie de regarder un film en rentrant. Il faut vraiment que je m’en rachète un … tu ne m’en veux pas? »
« Ben non pas de soucis! J’espère que c’était un bon film! »
« Tu fais quoi aujourd’hui? »
« Je ne sais pas encore… peut-être que je vais aller au ciné… »
« Seule? »
« Oui seule, c’est là que c’est le mieux! »
« Tu veux sortir ce soir? »
« Je ne sais pas… »
« Aller! Cela te ferai du bien de sortir un peu non? D’aller danser… »
Cela ne me dérange pas de sortir, mais cela ne me dérange pas non plus de rester seule à la maison. Ma vie intérieure est assez intense pour que je ne m’ennuie jamais, j’aime ça chez moi.
« On verra… tu vas bosser aujourd’hui? »
« Non je vois Benjamin pour déjeuner, mais si tu veux on peut se retrouver après et aller faire un peu de shopping? »
« Heu… »
« Tu portes toujours les mêmes fringues Eva … je pourrais t’aider un peu non? »
« C’est vraiment insupportable les magasins Sam, et je ne connais jamais ma taille, c’est toujours frustrant comme expérience… »
« Oui mais avec moi c’est fun! »
« Mm… tu es sûre de ça? Sers-moi un café, s’il-te-plaît! »
« Tu veux un café? Dis oui au shopping! »
Elle a l’oeil malicieux…
« Oui pour le shopping… »
« Et pour aller danser? »
« N’en demande pas trop… on verra j’ai dit, c’est déjà bien! »
« Ok… rendez-vous à 15h devant le Comptoir ok? »
« Ok… »