Prologue
24 décembre 1799
La neige tombait sans répit, enveloppant la forêt de Sherwood d’une épaisse nappe blanche. Dans ce milieu hostile conquis par le froid, une fillette se promenait pieds nus, sans se soucier de la température glaciale. Elle se sentait attirer par quelque chose; un souffle, une respiration lente qui s'affaiblissait au fur et à mesure qu'elle se rapprochait. Guidée par son instinct, la petite se retrouva près d'un ruisseau, et que ne fut pas sa surprise lorsqu'elle y découvrit une fine silhouette allongée à plat ventre.
Prudente, elle se rapprocha à pas feutré vers l'inconnu et, arrivée à sa hauteur, le tourna sur le dos. C’était un garçon d’à peu près son âge. Ses cheveux ébouriffés étaient blancs comme la neige et son visage égratigné, d'une pâleur extrême. Ses vêtements, dignes d'un enfant de bonne famille, était déchirés de part tandis que ses chaussures avaient disparus.
La fillette colla son oreille aux narines de l'agonisant comme le lui avait appris son père. La froideur que dégageait son corps la stupéfia. Elle lui administra deux claques mais, rien n'y fit.
« Il a attrapé froid. C'est pour ça qu'il est congelé et ne bouge plus. Le pauvre. Je vais le réchauffer. » pensait-elle en le soulevant.
— Laissez moi mourir ici, murmura soudain l'enfant.
— Pas question, trancha l'autre, surprise de le voir réagir.
Sans faire attention aux plaintes de l’inconnu, elle l'emmenait sous un rocher distingué à quelques mètres d'eux.
Le mourant voulu se défaire des liens de fer qui le maintenaient sur le dos de cette intruse mais, son corps faible et léger n'en eut pas la force. Alors, il se résigna en maudissant le destin qui ne voulait pas qu'il quitte cette terre et lui permettre de ne plus souffrir. Ses yeux se refermèrent et ses cauchemars revinrent le tourmenter.
Allongée, les bras autour du garçon, la petite secouriste essayait tant bien que mal de lui apporter de la chaleur. Cependant, il n'y eut aucun effet et elle pensait renoncer lorsqu'elle l'entendit tousser et le vit ouvrir les yeux tandis que sa respiration était devenue stable. Un soupir s’échappa de ses lèvres ; il était vivant. Elle avait plein de questions à lui poser et ne perdit pas temps.
— Salut. Comment tu t'appelles ? Tu viens d’où? C'est à toi ces habits? commença t-elle à peine le pauvre garçon se fût redressé.
— Mais, tais to, répliqua t-il péniblement.
— Pardon. C'est la première fois que je vois quelqu’un à part mon papa. Je suis Alia. Et toi?
— Ryan, répondit-il, étonné face à cette fillette aux cheveux argentés, une petite robe rose sur les épaules et un sac en bandoulière. Enchanté de vous connaître.
— Ton prénom est joli.
— Merci. C’est la première fois qu'on me le dis.
— Et t'as quel âge ?
— Sept ans. Et toi?
— six. On n'a presque le même âge.
Les deux se sourirent.
— J’ai faim. dis soudain Ryan le ventre gargouillant.
— Ne t’inquiètes pas. J’ai de la nourriture dans mon sac, dit-elle en fouillant ce dernier. Ce n’est pas beaucoup mais, ça t’aidera.
Il l'arrêta.
— Je n’ai pas besoin de nourriture. Il me faudrait du sang.
— Haha. Très drôle. Si tu ne manges pas, tu vas mourir.
— Je le sais. Mais, je préfère mourir que blesser des innocents pour me nourrir. dit-il tout bas.
Alia ne comprenais pas ce que racontait son nouvel ami.
— Mais pourquoi tu veux du sang? Les humains ne boivent pas de sang, si?
Ryan resta éberlué. Cette fille ne savait rien du monde qui l’entourent.
« Comment ça se fait ?» se demandait-il.
— Tu n’as jamais entendu parler des vampires ?
Elle secoua la tête.
— C'est quoi?
— Ce sont des morts-vivants qui se nourrissent de sang humain.
— Vraiment? Donc, tu es un vampire ? Je croyais qu'il y avait que les loups-garous ici?
La curiosité pouvait se lire sur la figure d'Alia.
— Non. Il existe aussi les vampires. Ce sont eux qui règnent sur ce royaume. Ils boivent beaucoup de sang et aiment tuer.
Cette dernière phrase eut un goût amer dans sa bouche.
— Vous n’avez pas peur de moi? Demande t-il soudain.
— Non. Je sais que tu es quelqu’un de gentil et que tu ne veux faire de mal à personne. Je le sens.
Elle lui tendit la main.
— Tu peux boire mon sang si tu veux. Ce sera notre pacte d'amitié. Tu veux bien?
Le jeune vampire hésita un moment avant de planter des crocs dans le poigné tendue. A cet instant, il sentit qu'Alia était tout sauf une simple louve ordinaire et qu'un lien indéfectible s’était noué entre eux.